S.M. Chedjou II Sokoudjou veut exorciser le Kamerun |
Tribalisme, acculturation, Opération épervier, autant de sujets sur lesquels Sa Majesté Jean-Rameau Sokoudjou sâest appesanti au cours de sa conférence de presse vendredi 14 septembre 2012 à Douala. Un sage. Le mot est revenu plusieurs fois dans les commentaires des journalistes à la fin de la conférence de presse de vendredi 14 septembre 2012. La salle de lâhôtel Sawa à Douala qui a accueilli lâévènement sâest avérée étroite, pour toutes ces personnes (hommes de médias nationaux et internationaux, artistes entre autres) venues lâécouter. Cette bibliothèque de lâhistoire du Cameroun (en visite dans la communauté Bamendjou du Wouri) qui célèbre ses soixante ans de règne à la tête de la chefferie Bamendjou, village de lâOuest Cameroun, arrondissement du département des Hauts-plateaux a justement tenu à réunir les journalistes en prélude à son anniversaire de règen pour dire ce quâil pense du Cameroun de maintenant. La culture camerounaise est en voie de perdition, câest du moins ce que soutient Sa Majesté Jean-Rameau Sokoudjou. «Les Occidentaux veulent conserver leur culture et nous faire renier les nôtres. Ils disent par exemple que le culte du crâne est mauvais, prétextant quâon adore le crâne. Ce qui est totalement faux. On nâadore pas le crâne, mais on se souvient juste des morts, ce que, eux les Occidentaux font également.» Sa Majesté se souvient alors que pendant une conférence de presse avec les Camerounais de Lille en France en 2001, ceux-ci lui ont demandé comment faire pour conserver leur patrimoine culturel. En réponse à cette préoccupation ô combien importante, le chef a mis sur pied il y a dix ans déjà le «Chepan» (eau rouge de purification), une fête annuelle pendant laquelle les fils et filles bamendjou commémorent leur origine, se purifient, se ressourcent dans leur haute tradition. Câest aussi un grand moment dâinitiation. Lâinitiation nâest par contre pas nécessaire pour savoir combien la question du tribalisme au Cameroun fait des vagues. De quoi susciter lâétonnement du Foâo. «Je suis le fruit de lâintégration nationale. Je dois ma vie, pas à ma famille, mais à tous les Camerounais. Jâai été adopté par un nordiste, nourri par les Bassa. Je suis dâailleurs le successeur de mon père qui est originaire du Centre. Il ne peut pas avoir de nation sans tribus, mais câest le tribalisme qui est mauvais.» Sâagissant de la lettre de Monseigneur Tonyè Bakot,«Monseigneur a mal fait dâécrire cette lettre parce quâil a oublié quâon entre dans cette université sur concours. Ce nâest cependant pas une raison pour dramatiser, car il nâa dit que ce quâil avait longtemps sur le cÅur.» Contestataire du régime Autant de révélations qui ont arraché des éclats de rire de lâassistance. Mais quand cette mémoire de 79 ans revient sur lâhistoire de la colonisation au Cameroun, lâémotion étreint lâassistance, surtout quâil reconnaît aussi que : «Ãa fait mal quand je raconte cette histoire. Comment mes frères ont été tués devant moi, mes épouses violées sous mes yeux par les colons français. Je suis un survivant.» Plusieurs autres sujets ont été évoqués, dont lâOpération épervier. Pour celui qui se dit contestataire du régime, lâopération épervier est due à la «mauvaise gestion de nos ressources. Je pense que lâopération épervier nâest pas la solution, parce quâon envoie les gens en prison sans toutefois récupérer lâargent quâils ont détourné. Ils sont de surcroît nourris en prison sur le dos du contribuable.» Pour le Foâo, il sâagit encore là de la preuve manifeste de lâégoïsme des dirigeants, car, «toutes les personnes que le chef dâEtat a appelées pour lâaider à gérer le Cameroun sont venues avec leurs intérêts personnels en vidant les fonds publics.» Au lieu dâenvoyer les victimes de lâOpération Epervier en prison, Sa Majesté propose à lâEtat de récupérer tous les biens détournés pour les investir dans des projets pouvant servir à toute la nation. Vous avez dit un sage ? Valgadine TONGA |